...si tu crois que j'y crois moi à l'amour...t'as raison...mais tu te mets le doigt dans l'oeil...

    Les dimanches passaient, puis les lundis s'y sont mis. Les autres jours de la semaine ont dû se sentir contraints de faire de même j'imagine...Toujours était-il qu'un mois et demi avait passé depuis la première fois qu'il lui avait parlé. La dernière fois qu'il l'avait vu. Le temps comme les sentiments, s'écoulait, s'enfouissait, disparaissait, mais ce n'était que pour le rattraper, d'un coup! Ce mercredi semblait avoir décidé d'arrêter de passer...
Il est midi, il se réveille. Il n'ouvre pas tout de suite les paupières, ses yeux sont encore dans le monde du rêve, certainement un effet de persistance rétinienne. Il mémorise ces images, ces sensations dans lesquelles il continue de flotter. Après quelques instants et leur définitive évanouissement, ses yeux s'ouvrent sur un monde flouté, fantastique et beau. Il redresse lentement la tête, s'imprègne de l'air du matin. Puis il expire puissamment, il ne faut pas s'attarder dans la mélancolie et l'impression de fatalité qui suit la fin de beaux moments. Pour ne pas les ternir, pour rester réceptif. 
Une petite place de village, il fait nuit. Un banquet est dressé, autour des gens boivent, mangent, parlent, rient. Et il est assis là, en bout de table. A côté de lui est assise vEROnIQUE. Tout le monde est réuni pour fêter le mariage imminent entre lui et vEROnIQUE, des gens qu'il reconnait comme étant ses futurs beaux-parents alors qu'ils n'ont pas leurs visages originaux. C'est bizarre les rêves. Mais il ne veut pas se marier avec elle! Il se sent emprisonné, il est effrayé. Il veut se marier avec Maxine, son amoureuse, celle du soleil, du café, des regards, qu'il aperçoit assise à un autre banquet, plus loin sur la place du village. Il la cherche du regard, il la reconnaît parfaitement. Mais la grosse dame brune continue de lui parler, de l'apprécier, ce "gendre parfait". Et sa vision se trouble, il désespère de rejoindre Maxine, il est ivre, le rêve tourbillonne. Et s'éteint.
Le soleil brille aujourd'hui, comme tout les jours d'ailleurs dans  le village où il habite_J'y suis allé quelques fois, pour vérifier, il avait raison, à chaque fois le soleil brillait_ Il devait la revoir. Le temps ne pouvait lutter contre son inconscient. Il faisait jour à nouveau. L'idée était obsessionnelle. Il devait la revoir.
Il la reverrait, le lendemain. Mais il ne le savait pas encore, alors il descendit acheter des cigarettes, espérant la croiser.

Le lendemain. Le soleil brille. Il va boire une bière blanche au bistrot, en terrasse, 3€50_ l'amour coûte cher_ Il la voit, assise à la terrasse d'à côté, entourée de cinq personnes. Son coeur s'emballe_il va devoir apprendre à contrôler ça_ ses mains tremblent. La situation est délicate, comment lui parler? Aller directement la voir, au milieu de ses amis? Il réfléchit trois secondes, puis décide que l'idée est inenvisageable. Trop exposé, trop sérieux, trop nul, trop dur. Attendre qu'elle se lève, la suivre et la rattraper? Et puis quoi encore il n'est pas un stalker; le but est de rendre cette histoire naturelle, saine, et sincère. Pas angoissante, et glauque. Quand nous sommes incapables d'agir, nous nous tournons vers des forces plus grandes. Il joint donc ses mains et pria son Destin, son Hasard, sa Chance, Dieu, la Nature, pour une des premières fois de sa vie_ S'il y pensait il le ferait plus souvent_ Inutilement puisque personne à sa prière n'a répondu. Il dû partir, la chercha du regard, mais sans insistance.

Il croisa ses yeux, mais son regard il n'en fût pas certain.

Deux grandes questions demeuraient : Comment faisait-elle pour agir exactement de la bonne manière pour le rendre amoureux et passionné? Le faisait-elle consciemment?

La nuit suivante, il rêva de la fille au parapluie.